18. Les murs de Troie

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LES MURS DE TROIE

 

 

L’hostilité que Donald ressentit lorsqu’il fut à nouveau plongé dans le monde de tous les jours n’était pas imaginaire. C’était celle des passagers également en instance de départ, entassés dans l’expressport de secours qui desservait la région de Ellay, base militaire hâtivement débarrassée des équipements que le public n’était pas autorisé à voir, et continuellement quadrillée par des patrouilles d’hommes armés. Donald, muni de laissez-passer qui lui permettaient de franchir les barrages derrière lesquels stagnaient les autres passagers, était pour ceux-ci une cible idéale : détournés, retardés, leurs emplois du temps bouleversés, assoiffés et affamés parce que les cantines de l’US Air Force n’avaient pas la capacité des installations de l’expressport normal, et par dessus le marché ne sachant pas si leur vol aurait lieu ou non (car les avions express dirigés sur la base passaient le mur du son au-dessus de zones habitées, et les habitants de la région, gênés par les bangs, menaçaient de porter plainte), ils cherchaient autour d’eux quelqu’un qu’ils puissent accabler de leur amertume.

Mais, de leur hostilité, il ne se souciait pas plus que d’un seau de fiente de baleine.

Il avait un léger mal de tête. Un des nombreux manipulateurs entre les mains de qui il était passé au Camp du Bateau comme une machine sur la chaîne de montage, l’avait prévenu que cela pourrait lui arriver de temps en temps pendant une semaine ou deux. Mais la douleur n’était pas assez forte pour altérer son humeur.

Il se sentait fier. Le Donald Hogan des trente-quatre années précédentes avait cessé d’exister sans que ce fût une perte. Il avait été passif, réceptif ou plutôt réceptacle, ouvert au flux de données extérieures, mais sans y collaborer, réservé, contenu, si neutre que Norman House, qui partageait le même appartement, avait pu, dans un accès de rage, le traiter de zombi exsangue et sans caractère.

Non qu’il se souciât maintenant de l’opinion de Norman. Il savait quelles forces latentes l’habitaient, et il était possédé du désir sauvage que vienne le temps de les laisser se déchaîner.

Des rangées de tables pliantes dans un hangar remplaçaient le hall de contrôle. À l’une des tables, un employé morose regarda ses papiers. « Vous allez au Yatakang, hein ? » dit-il. « Pour vous faire optimiser, je suppose ! »

« Moi ? Non, je fonctionne plutôt bien dans tous les domaines. Mais vous, par contre, j’ai l’impression que vous faites des économies pour vous offrir un billet. »

Il crut, pendant une seconde, que l’homme allait le frapper. La rage qu’il contenait violaçait son visage. Il ne put rien dire de plus à Donald. La bouche serrée, il glissa les documents sous les caméras et les machines à tamponner, puis, de la main, lui fit signe de passer.

« Ce n’était pas le truc à dire », dit l’employé de la table suivante lorsque Donald fut assez près de lui pour percevoir son murmure.

« Comment ? »

L’employé s’assura que son collègue était à nouveau occupé et n’écoutait pas. « Ce n’était pas le truc à dire », répéta-t-il. « Il s’est marié sans que sa femme et lui aient regardé si tout allait bien dans leurs gènes, et ils ont dû la faire avorter de leur premier gosse : carré rose. »

Le signe de la schizophrénie héréditaire. Donald haussa les épaules.

« Je vous aurais tapé dessus, à sa place », dit l’employé.

« Si jamais il avait fait ça, ç’aurait été la dernière fois de sa vie », dit Donald, avec un sourire. Il fut émerveillé par l’idée que c’était plus qu’une gasconnade : une promesse. Puis il ajouta : « C’est tout ce que vous avez à faire ? »

L’employé prit un air renfrogné et se détourna pour s’occuper du passager suivant.

 

« Yatakang ? » dit le commissaire de bord de l’avion express, un jeune type élégant, du genre ambivalent à la longue chevelure bisexuée qui lui retombait sur les épaules. « Alors vous devez être monsieur Hogan ; vous êtes la seule personne de ce vol… » Il regarda sa liste. « Oui, c’est bien ça, voici le numéro de votre place, monsieur, bon voyage, je reviendrai vous voir avant le décollage. » Il lui tendit un jeton de plastique.

Donald le prit et s’enfonça dans le morne fuselage de l’express. Tout en s’asseyant au milieu de ses compagnons de hasard, il se rappela que Delahanty lui avait conseillé de tirer profit de son ignorance de l’actualité de ces derniers jours. Lorsque le commissaire fit le tour de l’avion pour effectuer son service publicitairement baptisé du nom « d’attentions personnalisées », il attira à lui son attention.

« C’est bien ça, vous avez dit que j’étais le seul passager pour le Yatakang ? »

De longs faux cils battirent et un sourire s’étira machinalement. « Parfaitement, monsieur. »

« Cela arrive-t-il souvent ? »

« Pour être franc, monsieur, si les accords internationaux que nous avons passés ne nous obligeaient pas à faire au moins un arrêt quotidien à Gongilung, nous n’en prendrions pas la peine. C’est la contrepartie des autorisations de survol du territoire… si vous le désirez, je peux demander des détails au capitaine… ? »

« C’est inutile. Et, dernièrement, vous n’avez pas eu d’autres passagers pour le Yatakang ? Je pensais, avec toutes ces nouvelles qui nous en viennent depuis l’autre jour… »

« Vous voulez dire, des journalistes, comme vous ? J’ai bien peur de n’avoir rien remarqué de particulier, monsieur », dit le commissaire d’un ton froid.

Donald soupira. Tout allait bien tant que le secret professionnel était l’apanage de petits groupes de spécialistes comme les médecins et les prêtres. Mais si maintenant le premier venu pouvait s’y retrancher, la discrétion devenait frustrante.

« J’ai une multi-télé, est-il possible que je m’en serve pendant le vol ? »

« J’ai bien peur que non. Mais si vous voulez, je peux brancher une chaîne d’informations permanentes sur votre écran de siège. »

« Oui, s’il vous plaît. Et si vous avez quelques journaux à bord, j’aimerais y jeter un œil. »

« Je vais voir ce que je peux trouver, monsieur. Ce sera tout ? »

 

Cramoisi, le commissaire revint au moment où les tracteurs commençaient à remorquer l’express à travers l’aire d’envol jusqu’à sa rampe de lancement. « Je n’en ai trouvé qu’un seul d’aujourd’hui et un seul d’hier », dit-il en guise d’excuse.

Même ainsi, c’était plus que ce qu’avait espéré Donald. Le plus ancien des deux journaux commençait à se désintégrer, ainsi que l’exigeait la loi antidéchets qui interdisait l’impression des publications périodiques sur des supports permanents, en dehors des exemplaires destinés à être archivés. Le manipulant avec précaution, il chercha les informations en provenance du Yatakang.

Il n’en trouva qu’une, tirée d’une dépêche du principal concurrent de l’EngRelay SatelServ : Video-Asia Reuter. Ce qui, bien sûr, n’avait rien de surprenant. À cette époque, quatre-vingt-dix pour cent des journaux étaient incapables de concurrencer la télévision. La plupart d’entre eux, y compris les Times de New York et de Londres, ne gardant pour eux que les chiens écrasés et quelques rubriques, donnaient le meilleur d’eux-mêmes à des émissions de télévision. La lecture ne lui apprit que ce qu’il aurait pu deviner tout seul : que le peuple du Yatakang, ne s’inquiétant pas de savoir si la promesse de son gouvernement était ou non réalisable, ne demandait qu’à y croire.

La page se désintégra lorsqu’il la tourna, faisant pleuvoir sur lui des confettis de papier jauni. Il jura et enfourna ce qui restait du journal dans le réceptacle à ordures de son siège.

Le signal de décollage suivit immédiatement. Il dut attendre, pour déplier le second journal, que l’express fût entré dans la phase culminante de son orbite balistique.

Cette fois, il y avait une page entière consacrée à l’optimisation : une agence d’images câblait de Gongilung que les populations des îles les plus éloignées de l’archipel se cotisaient pour envoyer docteurs et infirmières s’exercer sous la direction de Sugaiguntung. Le reste était fait de réactions de pays étrangers. Il y était visible que l’opinion publique s’opposait au verdict des experts. Il y avait ce ministre cubain qui s’était fait conspuer le jour de la fête commémorative de Castro…

Donald fronça les sourcils. Il sentait que toutes ces nouvelles éparses pourraient s’organiser entre elles selon des relations plus profondes, mais la migraine revenue l’empêchait de se concentrer. La version numéro I de lui-même aurait laissé le problème se rafraîchir aux sources de son subconscient, mais il avait perdu sa patience. Au lieu, donc, d’examiner la question, il jeta le journal et brancha le poste sur la chaîne d’informations permanentes que lui avait choisie le commissaire de bord.

Il vit, sur l’écran minuscule encastré dans le dossier du siège précédent, une courte série de séquences visuelles accompagnées d’un commentaire diffusé dans son audiophone. Il les regarda avec toute l’attention dont il pouvait disposer. Il avait pris le cycle d’informations juste avant la rubrique sportive, et il avait encore quatre ou cinq minutes à attendre avant le retour de l’indicatif de l’émission et le début du bulletin. Ce fut alors qu’il découvrit que les informations avaient été réunies et étaient présentées par les mêmes journalistes que ceux du quotidien qu’il venait de jeter. Les termes en étaient presque semblables.

Agacé, il avança la main pour éteindre. À ce moment, l’image vacilla et se fit floue, et une annonce sur l’écran indiqua qu’en raison de l’éloignement croissant de Ellay, une station satellite allait prendre le relais. Il interrompit alors son geste, espérant que la compagnie aérienne entrerait en communication avec l’EngRelay SatelServ.

C’était bien vu. Les silhouettes familières de monsieur et madame Jesuispartout se matérialisèrent aussitôt. Selon toute évidence, il y avait un dispositif spécial pour les passagers d’avions. Les Jesuispartout étaient vus uniquement de dos, et le décor représentait l’intérieur d’un avion en tout point semblable à celui dans lequel il se trouvait. C’était la première fois qu’il voyait cela, mais c’était logique : après avoir assuré un maximum d’auto-identification en vendant des postes personnalisés et munis d’identificateurs d’ambiance, la compagnie ne souhaitait pas rappeler aux gens qui allaient pour de vrai dans les sites exotiques où d’habitude les Jesuispartout étaient délégués, que le couple télévisé n’était qu’un artifice.

Le commissaire de bord avait adapté l’indicatif à la race, blanche, de Donald, et, pendant un moment, il en fut désorienté. Lorsqu’il s’était installé avec Norman, celui-ci lui avait fait cadeau d’un poste de télévision dont il voulait se débarrasser pour un modèle plus récent, et Donald ne s’était jamais soucié de faire changer l’identificateur réglé sur un modèle aframéricain. Il avait pris l’habitude de voir monsieur Jesuispartout sous les traits d’un homme de couleur, et sa compagne conforme à la minette Scandinave courante. Maintenant qu’on lui servait la version blanc-costaud-la trentaine de l’homme, il était dépaysé.

Il s’en voulait de se sentir atteint à ce point par ce qui n’était après tout qu’une invention commerciale du monde qu’il venait de quitter. Désormais Donald Hogan serait le créateur et non plus le spectateur de l’actualité.

Comme si les responsables du programme avaient lu dans sa pensée, son propre visage apparut sur l’écran.

Il dut attendre le commentaire pour être convaincu que ce n’était pas une illusion. « Donald Hogan ! » dit la petite voix de l’écouteur dans son oreille. « Le nouvel envoyé spécial de l’EngRelay SatelServ ! »

Où merde ont-ils été pêcher ces vues ? Il y eut un Donald Hogan, plus jeune, dans une rue de New York, puis regardant au loin une chaîne de montagnes, c’était cinq ans auparavant, pendant des vacances à Sun Valley, puis, plus proche, montant dans l’avion express qui l’avait emmené, quelques jours plus tôt, de New York en Californie.

« Spécialement envoyé par l’EngRelay SatelServ, notre nouvel observateur qui a consacré sa vie à étudier les problèmes de génétique et d’hérédité, Donald Hogan, enquêtera pour nous au Yatakang ! »

Scènes de rues de Gongilung, grosse barque de pêche passant entre des îles dans le tonnerre de son moteur à refoulement d’eau, puis une foule dans un élégant jardin public.

« Le Yatakang, à la une de l’actualité mondiale. Programmez votre déclencheur automatique sur le nom de Donald Hogan dont les correspondances seront au programme de tous nos bulletins à partir d’aujourd’hui ! »

Donald était abasourdi. Il fallait qu’ils eussent envie d’en faire un reportage à sensation pour sacrifier ainsi quelques précieux instants de leurs bulletins d’informations qui ne dépassaient jamais dix minutes ! La confiance en sa personnalité révisée s’évanouit. Enthousiasmé au fond par sa récente empification, il avait pensé être un homme nouveau, incomparablement mieux équipé pour agir sur le monde. Mais ce qu’impliquait cette coûteuse publicité à son sujet l’atteignait au plus profond de lui-même. Si le gouvernement n’hésitait pas à employer les grands moyens pour garantir la véridicité de sa couverture, cela signifiait alors qu’il était le seul maillon visible d’une chaîne de peut-être plusieurs milliers de personnes. Le gouvernement ne donnait pas sans avoir d’excellentes raisons de le faire, sa confiance à une grande compagnie comme l’ENGlish Language RELAY SATELlite SERVice.

Des phrases sans liens le hantaient, erraient, s’enchevêtraient et se défaisaient, suscitées sans doute par sa situation présente, mais sans cohérence.

Mon nom est Légion.

Je crains les Grecs, même lorsqu’ils apportent des cadeaux.

Châtier les enfants des péchés de leurs pères.

Dis-moi, peux-tu voir jusqu’aux racines du temps ?

Est-ce là le visage pour qui mille navires ont été lancés sur les flots et brûlées les hautes tours d’Illion ?

À force de chercher ce que ces fragments avaient de commun, il finit par trouver ce que son inconscient essayait de lui faire comprendre.

De nos jours, on ne se bat plus pour avoir une belle maîtresse, mais pour avoir des enfants présentables. La belle Hélène se cache maintenant dans les matrices, et chaque mère rêve de lui donner le jour. Et maintenant, on sait où elle est. Elle est au Yatakang. On m’envoie la chercher. J’ai reçu l’ordre de la ramener ou de dire que sa beauté est un mensonge, et au besoin, de le prouver d’une giclée de vitriol. Odysseus le rusé s’est dissimulé à l’intérieur d’un cheval et les Troyens ont ouvert leurs murs et l’ont fait entrer tandis que Laocoon et ses fils étaient tués par des serpents. J’ai un serpent lové autour de mon front, et, s’il resserre son étreinte, mon crâne éclatera.

Il interpella le commissaire de bord qui passait : « Vous pourriez me donner quelque chose contre la migraine, s’il vous plaît ? »

Bien qu’il sût que c’était le médicament approprié, il lui sembla qu’il aurait pu tout aussi bien demander quelque chose pour le mal au ventre, tant son malaise était diffus : les hommes dans le ventre du cheval de bois attendant de naître et de donner libre cours à leur fureur guerrière, la douleur de l’enfantement, et Athena née du crâne de Zeus, et Chronos qui dévora ses enfants, et comme s’il était non seulement dans le ventre du cheval, mais le cheval lui-même, prêt à livrer la cité à ses ennemis, et ses ennemis à la cité, la douleur ramifiée comme la tige grimpante d’une rose sauvage l’aiguillonnait de chacune de ses épines dans un temps et un espace différents.

Devant lui, les remparts. L’Odysseus du vingt et unième siècle, irrécupérablement idiot, s’en approchait. Fallait-il qu’il soit aussi borgne qu’Odin pour que sa main droite ne sût pas ce que faisait sa main gauche. Odinzeus, le lanceur de foudre, comment pouvait-il viser juste, sans parallaxe ? « Personne n’est en possession de tous les éléments du tableau, personne n’a même de quoi émettre de sa propre initiative des jugements valables. » Shalmaneser, maître d’un savoir infini, conduis-moi dans la vallée des ombres de la mort, et je n’aurai rien à redouter…

Le commissaire de bord lui apporta une capsule blanche qu’il avala.

Le médicament aurait raison de son mal de tête, qui n’était qu’un symptôme.

Tous à Zanzibar
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